Libérer le larynx par une alimentation d’air constante et modérée

Le rôle du larynx est d’émettre des sons, et de moduler leur hauteur, leur durée, leur puissance et leur timbre.

Pour ce faire, il a notamment besoin :

  • D’être alimenté en air, air qui passe entre les cordes vocales
  • D’être libéré de toute autre contrainte

Le système respiratoire, en amont (et en-dessous) du larynx, y contribue grandement.

Une alimentation en air constante

Considérons le cas simple d’une note longue, stable dans sa hauteur, sa puissance et son timbre.

Pour émettre cette note, le larynx a avant tout besoin que lui parvienne une pression d’air constante sous les plis vocaux ; on appelle la pression à cet endroit du corps la pression sous-glottique (voir pour mémoire la façon dont le larynx génère du son). Si l’air lui parvient par à-coups de pression, alors hauteur, puissance et timbre vont varier dans le temps. Ou bien, plus probablement, le cerveau va entendre ces variations et demander instinctivement au larynx d’ajuster la tension et la longueur des plis vocaux pour maintenir une hauteur et une puissance de son constantes. On comprend aisément que ces ajustements constants perturbent grandement le larynx, qui peut difficilement exécuter un accolement fin et précis des cordes ; il peut alors rechercher la stabilité par la rigidification et la crispation, ce qui tend à dégrader la qualité du timbre, moins agréable, et fatigue vite les plis vocaux.

Pensons à un danseur de ballet qui danserait sur un bateau en pleine tempête : difficile de maintenir une position sur la pointe du pied avec le sol qui tangue, et le vent et les embruns qui fouettent son corps. Il ne lui reste plus qu’à arrimer ses pieds au sol et ses mains au bastingage ; vous l’aurez compris, la liberté et la grâce de ses mouvements s’en trouvent fortement réduites.

Une alimentation en air modérée

En plus d’être constante, la pression sous-glottique doit être modérée, du moins chez un.e chanteur.se en apprentissage. Si elle est trop forte, constante ou pas, elle pousse fortement les plis vocaux vers le haut, et contraint donc certains muscles du larynx à conserver un fort niveau de tension pour maintenir les cordes accolées et empêcher le larynx de monter. Pour lesdits muscles, cela constitue une gêne et une distraction.

Filons la métaphore et retirons à notre danseur les contraintes du tangage, des embruns et de la tempête ; contentons-nous de le placer sur la terre ferme sous un vent puissant et constant : sa palette de mouvements possibles s’élargit, mais reste plus limitée que sans vent sur une scène d’opéra.

Exercice d’expiration modérée : la bougie

Placez votre poing fermé devant votre cou à environ 15 cm. Tendez l’index, figurant ainsi une bougie. Inspirez modérément. Soufflez sur le bout de votre index, aussi faiblement que si vous souffliez sur une bougie en cherchant à ne pas l’éteindre.

Veillez, au long de cet exercice, à conserver une posture droite (sans être rigide) et une détente complète du cou (en posant l’autre main sur le cou, vous ne devez ressentir aucun muscle contracté).

Exercice d’expiration constante : le S

Inspirez modérément. Expirez lentement en formant la consonne S. Ecoutez le son S et efforcez-vous de le maintenir constant, en limitant les sursauts, les hausses et les baisses d’intensité.

La constance du son S indique que le système respiratoire, tout en diminuant progressivement le volume des poumons, a réussi à maintenir une pression d’air constante. Cette nouvelle capacité lui sera précieuse pour alimenter le larynx d’un flux d’air avec une pression constante, le libérant de la charge de s’adapter à un flux d’air discontinu. Il se pourrait qu’il vous en gratifie d’un son orné d’un agréable vibrato !

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