La plupart des chanteurs débutants chantent avec « de l’air dans la voix » :
On entend sur cet exemple comme un bruit d’expiration qui se superpose à la voix.
Ce bruit d’expiration vient de ce que les cordes vocales ne se touchent pas sur toute leur longueur – on dit également qu’elles ne sont pas parfaitement accolées. En conséquence, l’air qui vient des poumons, compressé par le système respiratoire, fuite en permanence par l’espace ouvert entre les cordes vocales.
Ce bruit d’expiration peut être recherché en variété, car il peut exprimer de l’émotion et donner un sentiment d’intimité. La plupart du temps, les chanteur.se.s lyriques l’évitent, car cette fuite d’air épuise rapidement la réserve pulmonaire et diminue fortement la puissance vocale. Ils préfèrent accoler leurs cordes vocales, comme dans l’exemple suivant :
La vidéo ci-dessous, en anglais, propose une vue du dessus des cordes vocales et de certains des différents mouvements qu’elles peuvent réaliser (notamment à partir de 1:29). Elle illustre notamment le rôle des 2 petits cartilages aryténoïdes dans le rapprochement des cordes vocales.
Explorer les différents degrés d’ouverture des cordes vocales
Vous pouvez expérimenter le degré d’ouverture le plus large en inspirant par la bouche : les cordes s’écartent largement pour laisser passer rapidement une grande quantité d’air. Dans l’exemple ci-dessous, j’inspire à 4 reprises la même quantité d’air, en écartant de plus en plus les cordes vocales ; l’inspiration s’entend de moins en moins :
Vous pouvez ensuite placer vos cordes vocales dans une position partiellement accolée, en chantant avec du souffle dans la voix :
Vous pouvez, à l’autre extrême, accoler très fortement les cordes et bloquer tout passage d’air. Votre corps le fait spontanément lors d’efforts musculaires importants, par exemple lorsque vous soulevez une charge lourde… ainsi que lors de la défécation. Si vous émettez ensuite un son, par exemple la voyelle A, alors les cordes vocales vont s’ouvrir brutalement et libérer l’air sous pression qu’elles retenaient, provoquant un (léger !) son explosif, aussi appelé « attaque glottique » (à faire à titre exploratoire uniquement, et non comme exercice) :
Vous l’aurez entendu, le son qui suit l’attaque glottique est plutôt dur et peu agréable.
Accoler suffisamment les cordes vocales
Exercice 1 : début de son coordonné
L’objectif de cet exercice est de produire plusieurs sons A d’affilée :
Il consiste à rechercher le point frontière situé entre l’attaque (début de son) sur le souffle d’une part et l’attaque glottique d’autre part. Ce point frontière est celui auquel les cordes s’accolent entièrement dès le début du son, sans être trop appuyées l’une contre l’autre.
Commencez par des attaques avec du souffle : commencez à expirer et ajoutez un son A, en étant attentif.ve à vos sensations au niveau du larynx (pomme d’Adam) :
Puis émettez des sons A commençant par une attaque glottique ; portez la même attention au larynx :
Enfin, produisez le son recherché, un son A qui débute sans bruit d’expiration préalable, et en supprimant l’attaque glottique :
Exercice 2 : stimulation des aryténoïdes
De mon expérience, l’exercice suivant produit plus d’effet lorsqu’il est bien exécuté ; il est aussi plus complexe (donc plus difficile) que le premier. En outre, il fait appel à la partie grave de la voix (« mécanisme lourd », aussi appelé « voix de poitrine ») ; or il se trouve qu’en France, beaucoup de femmes, habituées à entendre des voix féminines chanter dans la partie aigüe de leur voix, seront de prime abord peu à l’aise avec la partie grave. Il leur faudra prendre un peu de temps pour l’apprivoiser avant d’exécuter cet exercice.
Ledit exercice consiste à stimuler les aryténoïdes dans une position proche de la position d’accolement recherchée, par une sorte de son A guttural :
Bien que grave, ce son doit être réalisé sur une expiration dynamique (mais pas forcée).
A partir de ce son, il s’agit de faire monter la hauteur la voix de façon progressive et continue dans l’aigu, jusqu’à une note qui est confortable pour vous :
Le son est alors souvent plus riche en harmoniques, donc plus puissant, et votre réserve d’air s’épuise moins vite.
Note : monter progressivement la hauteur du son est en soi un exercice pas toujours naturel, et très utile par ailleurs pour améliorer votre maîtrise de votre appareil vocal. Vous pouvez par exemple imiter le son ascendant puis descendant d’une sirène de caserne de pompier.
Merci à la chaîne YouTube Bethea Medical Media pour sa vidéo pédagogique et à PASSEPORTSANTE.NET pour l’illustration de couverture, une belle vue de l’intérieur du larynx depuis le dessus et l’arrière ! Vous pouvez y distinguer les cordes vocales (qui fuient vers le fond), et à leur base, les 2 cartilages aryténoïdes, qui peuvent rapprocher les cordes vocales par déplacement latéral et/ou en tournant. Bonne pratique !
Bien
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Merci.c ‘est bien
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